PENOMBRE J'etais dans une de ces forêts où le soleil n'a pas accès mais
où, la nuit, les etoiles pénétrent. Ce lieu n'avait le permis d'exister,
que parce que l'Inquisition des états l'avait negligé. Les servitudes
abandonnées me marquaient leur mépris. La hantise de punir m'était
retirée. Par endroit, le souvenir d'une force caressait la fugue
paysanne de l'herbe. Je me gouvernais sans doctrine, avec une véhémence
sereine. J'étais l'égal de choses dont le secret tenait sous le
rayon d'une aile. Pour la plupart, l'essentiel n'est jamais né et
ceux qui le possèdent ne peuvent l'échanger sans se nuire. Nul ne
consent à perdre ce qu'il a conquis à la pointe de sä peine!
Autrement ce serait la jeunesse et la grâce; source et delta auraient
la même pureté. |
HALBSCHATTEN Ich war in einem dieser Wälder, zu denen die Sonne keinen Zugang
hat, in die aber des Nachts die Sterne eindringen. Dieser Ort durfte
nur deshalb bestehen, weil die staatliche Inquisition ihn übersah.
Die abgeschüttelten Sklavendienste wiesen mir ihre Verachtung. Der
quälende Zwang zu strafen war mir erlassen. Hier und da liebkoste
die Erinnerung an eine Kraft die ländliche Fuge des Grases. Ich
lenkte mich ohne Doktrin, mit gelassenem Ungestüm. Ebenbürtig war
ich den Dingen, deren Geheimnis sich unter der Spannweite eines
Flügels verbarg. Ungeboren bleibt für die meisten das Wesentliche,
und die es besitzen, können es nicht austauschen, ohne Schaden zu
nehmen. Niemand erklärt sich bereit, das zu verlieren, was er sich
mit blanker Mühe erkämpft hat. Sonst wäre die Zeit der Jugend und
Anmut da, Quelle und Delta hätten dieselbe Reinheit. |
- René Char, Zorn und Geheimnis. Frankfurt am Main
1991 (zuerst 1948)
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